Des plantes sauvages bien utiles

Recommandations :
La cueillette ou la récolte
Il faut être attentif à la cueillette des plantes sauvages. Certaines sont toxiques et peuvent ressembler à des espèces comestibles. Sur une même plante, des parties seront comestibles alors que d'autres ne le sont pas. N'optez pas pour des espèces protégées ou menacées. Choisissez des végétaux poussés en liberté, sans engrais chimique ni pesticide, dans les lieux les moins exposés à la pollution. Autrement dit, n'effectuer pas vos cueillettes sur les aires d'autoroutes, ou de grandes nationales, ni les décharges ou les sites industriels même anciens et désaffectés. Choisissez les petits chemins de campagne, évitez les bordures des champs sauf s'il s'agit d'agriculture biologique. Ne cueillez que ce dont vous avez besoin. Variez vos endroits de cueillette pour ne pas épuiser vos sources d'approvisionnement.
Récoltez dans la nature des herbes sauvages, des plantes aromatiques ou à tisane poussées librement, pensez aussi à récolter des champignons comestibles, bien sûr si vous les connaissez et au bord de mer, la salicorne ou des algues.
Il est important de savoir bien identifier les plantes que vous souhaitez consommer, vous pouvez vous munir d'un livre de botanique illustré décrivant les plantes. Soyez prudents dans vos cueillettes, les plantes doivent être identifiées si vous voulez les consommer ou les utiliser à des fins curatives.
Aussi ce petit guide des « plantes sauvages culinaires », doit vous permettre en plus de vous apporter des conseils d'utilisations, de vous permettre d'identifier avec la plus grande certitude les plantes comestibles que vous voulez utiliser.
Chaque station de cueillette doit faire l'objet d'une attention particulière. Dans les près les jardins, mais aussi les bois et les forêts, les plantes doivent être cueillis qu'après accord préalable du propriétaire, ou de l'ONF, ou de la commune, et en fonction des conditions météorologiques (absence de vent et d'humidité). En général, l'ONF permet la cueillette des plantes herbacées, comme les champignons ou les fruits sauvages, dans la limite d'une consommation familiale ce qui équivaut en gros à un panier, par famille.
Sur site, prenez systématiquement le soin de laisser environ un tiers de la population existante pour favoriser le renouvellement et la reproduction in situ. Prélever juste la partie qui vous intéresse en la coupant, sans arracher toute la plante. Si cela est nécessaire, vous ne reviendrez sur ce site que deux ou trois ans après. La qualité gustative des parties alimentaires des plantes fluctue en fonction du moment de la cueillette et même du temps. Les plantes aromatiques y sont plus particulièrement sensibles.
Les fleurs seront récoltées plutôt un jour où il n'a pas plu, après la rosée, mais avant que la chaleur du soleil ne fasse évaporer les huiles essentielles contenues dans les fleurs. Pour enlever les insectes, plongez si nécessaire vos fleurs dans un bol d'eau salée. Pendant la nuit, les hôtes s'en iront d'eux-mêmes.
Je me répète, mais ne cueillez pas les plantes sur le bord des routes à cause de la pollution ni à proximité de champs cultivés, car il est très probable que l'utilisation de pesticides aura contaminé toutes les plantes avoisinantes. N'utilisez pas non plus de pesticide dans vos jardins. Dans tous les cas, rincez soigneusement vos récoltes avant consommation.
Certaines plantes sont protégées et ne doivent pas être cueillies. Respectez la nature et ne détruisez pas une plante sans avoir vérifié que d'autres du même genre existent à proximité. Ne nuisez pas non plus à leur reproduction (en cueillant toutes leurs graines par exemple).
Renseignez-vous toujours sur la manière de préparer une plante avant de la consommer. Ce petit livre contient ces renseignements donc lisez bien entièrement les fiches avant de vous lancer dans leur préparation.
La préparation et la cuisson ont leur importance et peuvent débarrasser une plante de sa toxicité.
Comme les plantes sauvages sont plus riches en principes actifs que les légumes cultivés, il faut laisser le temps à notre organisme de s'habituer à elles. Donc pour les premiers repas, utilisez les plantes en petites quantités. Pensez toujours à varier votre alimentation, car toute plante peut être toxique si elle est consommée en trop grande quantité et trop souvent.
Consignes de consommation
• Ne prenez pas à la légère les recommandations d'usage telles que « petite quantité », « faible dose », « consommation crue ou cuite », « mode de préparation : blanchir, cuire dans plusieurs eaux »...
• Avant d'élaborer toute recette, reportez-vous impérativement aux fiches d'identification des plantes concernées.
LES RÈGLES DE LA CUEILLETTE
- Être sûrs d'avoir identifié votre plante.
En France, on considère qu'il y a environ 300 plantes toxiques, parmi lesquelles 100 sont réellement dangereuses, voire mortelles. C'est assez pour s'assurer de savoir les reconnaître, afin d'éviter les confusions malheureuses. Prendre le muguet pour de l'ail des ours, ou de la grande ciguë pour du cerfeuil des bois pourrait s'avérer fatal. La meilleure façon de procéder est de commencer à se rendre sur le terrain avec des connaisseurs et des livres spécialisés. Toute fois, nous aborderons ici les espèces par une classification basée sur la difficulté à la reconnaissance en trois catégories « amateur », « innitié » « pro ». Commencer seul avec des livres est compliqué et beaucoup de confusions sont possibles, contentez-vous alors de la classification « amateur ». Je me répète, mais veillez à ne pas cueillir les plantes rares, dans des zones de végétations spéciales (tourbière…), isolées, en nombre très restreint ou malade. Chaque plante peut avoir un statut de conservation particulier dans votre région, qu'il est important de vérifier au préalable.
Pour la cueillette en elle-même, voici quelques conseils :
- Cueillir délicatement la plante entre l'ongle du pouce et l'index ou avec des ciseaux pour éviter de les déraciner. Beaucoup de plantes repoussent par leurs bulbes, racines, ou rhizomes !
- Cueillir uniquement les parties dont on a besoin en ne prélevant pas plus d'un tiers de la station et en laissant de préférence des plants en bonne santé poursuivre leur cycle de vie.
- Si la plante entière avec racine est prélevée, faire une division de racine sur place lorsque c'est possible et la replanter.
- Lorsque cela est possible, cueillir avant les tontes et débroussaillements, ou lorsqu'une zone va être rasée pour y construire des bâtiments. Prélever après des tailles pour récupérer le bois, l'écorce et les bourgeons et parfois les fruits destinés à la décharge.
- Utiliser tous vos sens pour identifier la plante !
Voici le matériel dont vous aurez besoin pour une cueillette variée :
- un couteau (la loi considère que le port de tous les couteaux est interdit, mais il y a une tolérance, par jurisprudence pour les couteaux de « loisirs »)
- un sécateur, pour couper proprement les tiges.
- une scie portable, pour les branchages trop coriaces pour le sécateur
- une petite pelle portative pour les racines profondes
- un sac en tissu pour emporter vos récoltes
- un panier ou des boîtes aérées pour les cueillettes fragiles (fleurs, fruits mûrs…)
LIMITER AU MAXIMUM QUELQUES RISQUES DE LA CUEILLETTE
En dehors de la toxicité des plantes en elles-mêmes, il y a principalement trois autres risques sanitaires en lien avec la cueillette : la pollution, les parasites et les bactéries, et les tiques. Voici quelques conseils pour minimiser les risques pendant la cueillette.
La pollution
Les endroits les plus pollués sont les bords de routes, les chemins de fer, les abords des usines, des champs et jardins cultivés et des décharges. Mais ça n'est pas parce que le lieu est pollué que la plante va contenir le polluant. Dans le doute, on s'abstiendra de cueillir des ces zones-là.
Idéalement, il est conseillé de cueillir à plus de 50 mètres des voies routières, dans des zones « protégées » par des lisières d'arbres par exemple. Renseignez-vous sur l'usage de pesticides dans les champs avoisinants et évitez les milieux favoris des parasites les plus dangereux…
Pensez également à ne pas prélever les plantes attaquées par des champignons ou de la moisissure, pour bien conserver votre cueillette et limiter les risques de pourrissement.
Les parasites et les bactéries
Les parasites et les bactéries ne sont pas visibles à l'œil nu et peuvent être responsables de maladies. Avant de paniquer, relativisons : les cas de parasitoses sont rares et ce sont les personnes en contact avec des animaux domestiques qui y sont le plus exposées.
Deux parasites principaux sont problématiques pour l'homme, l'échinocoque et la douve du foie.
L'Echinococcose est transmise par un ver plat appelé « échinocoque ». La forme adulte de ce parasite infecte les renards, les chiens et parfois les chats. Les œufs du parasite se transmettent par les excréments d'animaux et le risque est d'en ingérer. Après digestion, les œufs éclosent et les larves s'installent dans le foie ou dans d'autres organes, créant potentiellement des kystes très problématiques. Les symptômes visibles sont de la fièvre et des douleurs abdominales.
Le traitement se fera par un antiparasitaire. Une intervention chirurgicale est parfois nécessaire pour retirer les kystes, dans les cas les plus graves.
Pour mitiger ce risque, il est conseillé de cueillir à plus de 50 cm du sol lorsque cela est possible, dans des zones où il n'y a pas de déjections d'animaux domestiques ou sauvages. Il est conseillé de se laver les mains régulièrement, de bien laver sa cueillette et de faire vermifuger régulièrement ses animaux de compagnie.
La douve du foie est un autre ver plat parasite qui se nourrit des cellules et du sang du foie. La transmission se fait par les excréments des ruminants : chèvres, vaches, moutons et parfois chevaux.
L'homme est souvent un hôte accidentel du parasite, qui a besoin de plusieurs organismes pour se développer, dont des escargots d'eau douce ! C'est pour cela qu'il est recommandé de faire particulièrement attention à la consommation du cresson des fontaines.
On évitera donc la cueillette proche de zones de pâturages, surtout s'il y a des ruisseaux à proximité ! Les symptômes de contamination ne sont pas immédiats, et se manifestent en général 3 mois après infection, par des avec de fortes fièvres et un grossissement du foie douloureux.
Le traitement est une cure médicamenteuse antiparasitaire.
Tous ces parasites sont éliminés par la cuisson.
Si vous voulez manger vos plantes sauvages crues, il existe des techniques de nettoyage.
Le mieux est de commencer par nettoyer sous le robinet avec la pression du jet pendant plusieurs minutes puis de réaliser un trempage dans de l'eau vinaigrée (une part de vinaigre pour neuf parts d'eau). Un trempage de 5 à 10 minutes et un bon rinçage permettront de bien limiter les risques, même si nous ne pouvons garantir la destruction totale des parasites sans cuisson.
Une famille de bactéries peut également nous poser quelques soucis : les Leptospira, qui provoquent la leptospirose. Elle est transmise par l'urine des rongeurs (rats, ragondins…), parfois par les animaux de compagnie. Elle se plaît particulièrement dans les milieux humides (eaux stagnantes, mares, cours d'eau…). Les symptômes se manifestent, à partir du 4ème jour jusqu'à 2 semaines après la contamination, par une forte fièvre et des douleurs.
Cette infection, qui est assez rare en France, est traitée par des antibiotiques.
Les tiques
La tique est un acarien qui se plaît aussi bien dans les zones boisées et humides que dans les prairies et les parcs. Elle s'accroche aux animaux domestiques, mais aussi à notre peau pour se régaler de notre sang. Sa salive, lors de la morsure, peut nous transmettre une bactérie du genre Borrelia, responsable de la Borreliose ou maladie de Lyme.
Cette maladie, difficile à diagnostiquer, peut se manifester par de nombreux symptômes (fièvre, maux de tête, fatigue, gonflement de ganglions, douleurs articulaires et musculaires, pertes de mémoire, dépression, problèmes cardiaques, paralysie faciale…).
Pour prévenir le risque d'infection, avant de partir en balade, il est recommandé de se couvrir les bras, le cou et les chevilles. Des répulsifs à base d'huiles essentielles sont disponibles dans le commerce, mais aucun ne peut garantir à 100 % leur totale efficacité.
Après chaque balade, inspectez votre corps intégralement, jusque dans les plis chauds et humides, particulièrement appréciés des tiques. Vérifiez également vos animaux de compagnie. En cas de morsure, retirez rapidement la tique avec un tire-tique et désinfectez.
N'essayez pas de la retirer avec les doigts, car vous risqueriez de l'écraser et de la faire régurgiter, ce qui augmente le risque de contamination. Le premier symptôme d'infection est un érythème, une plaque rouge qui s'étend en cercles concentriques.
Toutes les tiques ne sont pas porteuses de la Borrelia, mais certaines régions de France sont plus à risque que d'autres (l'Alsace par exemple). La période la plus à risque a lieu de mai à octobre, mais le nombre de tiques infectées a tendance à augmenter ces dernières années.
LA RÉGLEMENTATION DE LA CUEILLETTE
Même si les plantes ne sont pas protégées, vous n'avez pas forcément le droit de les cueillir. Toutes les terres de France ont un propriétaire, qu'il soit public ou privé. Légalement, tout ce que vous prendrez sur un terrain sans avoir eu l'autorisation du propriétaire est considéré comme un vol.
Pour des cueillettes d'un volume inférieur à 10 litres, vous risquez une contravention forfaitaire de 135 €. Au-delà de 10 litres, vous commettez un délit, passible de 45 000 € d'amende et 3 ans de prison !
Pour éviter de mauvaises surprises, vous pouvez aller sur le site geoportail.gouv.fr
Vous y trouverez :
• Les cartes des zones protégées. Vous pourrez ainsi les éviter plus facilement.
• La carte des parcelles de forêts publiques. En général, les collectivités territoriales acceptent que vous alliez cueillir sur leurs parcelles, tant que vous prélevez des quantités raisonnables et que vous respectez les lieux. Ce droit s'applique particulièrement en Alsace.
• Les références des parcelles cadastrales. Grâce à ces références, si un lieu vous plaît et que vous souhaitez y cueillir, vous pourrez demander le nom du propriétaire à la mairie ou au service du cadastre et lui demander s'il accepte que vous cueilliez sur son terrain.
Certains propriétaires acceptent très facilement, d'autres refusent catégoriquement et d'autres encore poseront leurs conditions (saison, horaires, quantité maximale, prix…). Notez que rien n'oblige un propriétaire privé à mettre des panneaux indiquant que son terrain est privé et qu'une absence de panneau n'est en aucun cas une autorisation de cueillir.
Vous pouvez vous renseigner sur les espèces protégées en consultant l'onglet « Statut » des fiches espèces sur le site internet de l'INPN (https://inpn.mnhn.fr/accueil/index) ou celui de Tela Botanica (https://www.tela-botanica.org/).
CONSERVATION DE LA CUEILLETTE
Afin de ne rien gaspiller, il est préférable de savoir à l'avance quelle partie de plantes vous souhaitez cueillir, quand, et pourquoi !
Les racines des plantes bisannuelles (ex. : la bardane) se cueillent l'automne de la première année et jusqu'au printemps, avant que les parties aériennes ne repoussent. Pour les vivaces, il est préférable de les cueillir en automne, à partir de la 2ème ou 3ème année. Elles seront plus faciles à prélever après la pluie, lorsque la terre est humide.
Les fleurs se ramassent à peine ouvertes. Certaines fleurs comme celles parmi les Asteraceae continuent à s'épanouir après cueillette, il est préférable de les cueillir en boutons.
Les feuilles se récoltent jeunes et tendres pour un usage alimentaire. Pour un usage médicinal, on les collecte plutôt lorsque les extrémités commencent à fleurir.